Le CHU de Saint-Etienne est l'un des hôpitaux les plus endettés de France et doit payer 2,5 millions d'euros d'intérêts en plus
À Saint-Étienne, la flambée du franc suisse a fait des dégâts. Mi-janvier, le taux d'intérêt du prêt le plus toxique du CHU a doublé, passant de 10% à 20%. Cet établissement, un des plus gros de France avec 7.000 salariés et 2.000 lits, croule sous 263 millions d'euros de dettes contractées il y a dix ans chez Dexia. Il est l'un des plus endettés du pays et paie, chaque année, 20 millions d'euros d'intérêts. Lorsque le franc suisse a bondi de 20%, le 15 janvier, sa facture s'est alourdie de 2,5 millions en quarante-huit heures! "Nous sommes un gros hôpital qui peut faire face, rassure le directeur de l'hôpital, Frédéric Boiron. Mais avec cette somme, j'aurais préféré acheter un nouveau scanner." Pas de faillite mais des investissements annulés, reportés. Moins de matériel médical, de nouveaux lits et d'ordinateurs.
Chasse aux coûts généralisée
Pour le CHU, c'est économie à tous les étages. Des services sont regroupés et certaines opérations chirurgicales passent en ambulatoire. Dès qu'il peut, l'hôpital ne garde les patients que vingt-quatre heures contre quatre ou cinq jours auparavant. Moins de lits occupés, moins de temps. Une vie "low cost" s'installe. C'est le prix à payer pour que le site retrouve l'équilibre financier. En échange, l'État s'est engagé à assumer les dérapages des emprunts toxiques. Un compromis auquel tous les établissements ayant souscrit des crédits en francs suisses n'ont pas pu aboutir. "Des établissements plus petits, avec moins de surface financière, dans des régions qui se dépeuplent, sont à l'os, reconnaît Frédéric Boiron qui préside aussi l'Association des directeurs d'hôpital. Ils risquent de limiter drastiquement leurs investissements. Si les taux s'envolent de nouveau, on craint une rupture et que certains soient dans l'incapacité de payer." Comme les CHU d'Arras ou de Porto-Vecchio, parmi les plus fragiles. Cette situation fait planer un risque d'allongement des délais pour certaines opérations. Pis encore, les séjours pourraient être écourtés pour les lourdes opérations chirurgicales. Pour le moment, cette ligne jaune n'a pas été franchie.
Source:lejdd.fr