«Nous, médecins hospitaliers et cadres de santé…»
A l’appel des professeurs André Grimaldi, Jean-Paul Vernant et de la docteure Anne Gervais, ils sont mille à alerter sur la crise de l’hôpital.

Une nouvelle cure de rigueur budgétaire de 1,6 milliard est imposée aux hôpitaux. Leur budget n’augmentera en 2018 que de 2 % alors que les charges programmées augmenteront de plus de 4 % (les hôpitaux publics utilisent 36 % des dépenses de santé). Pour maintenir l’équilibre budgétaire, les tarifs de la tarification à l’activité (T2A) vont être une nouvelle fois revus à la baisse. Pour essayer d’assurer l’équilibre de leurs comptes, les hôpitaux sont donc condamnés à augmenter sans cesse leur activité tout en réduisant le nombre de leurs personnels. Ce «toujours plus avec toujours moins» entraîne une dégradation des conditions de travail, provoquant épuisement et démotivation des soignants et en conséquence, une baisse de la qualité des soins. Comme l’a reconnu la ministre, «nous sommes arrivés au bout d’une histoire et d’un système. Par exemple avec la T2A : ce système a fait croire à l’hôpital public qu’il devait se sentir une âme d’entreprise».
Nous, médecins hospitaliers et cadres de santé signataires, au-delà de toute sensibilité syndicale ou politique, soutenons la volonté exprimée par la ministre d’améliorer la pertinence des soins en réduisant la disparité injustifiée des pratiques, en supprimant la prescription d’examens inutiles, en améliorant la coordination entre la ville et l’hôpital, en favorisant la prise en charge ambulatoire à chaque fois qu’elle ne compromet pas la qualité des soins, en aidant à la construction d’un véritable service de santé de proximité. Pour l’hôpital, cela n’est envisageable qu’à cinq conditions :
Limiter la place de la T2A aux soins standardisés et programmés.
Assurer une stabilité des tarifs correspondant aux coûts réels.
Introduire pour les soins non standardisés et non programmés d’autres modes de financement, notamment le financement global d’un épisode de soins et surtout une dotation annuelle modulée en fonction de l’activité. Cette dotation globale permettrait aux professionnels d’organiser des prises en charge ambulatoires et de développer le suivi par télémédecine. La dotation annuelle modulée à l’activité redonnerait de la liberté d’action aux équipes médicales et paramédicales en concertation avec les gestionnaires.
Maintenir dans chaque unité de soin un taux de soignants présents permettant de garantir la sécurité des patients et la qualité des soins. A chaque fois que ces conditions ne sont pas remplies, il faut pouvoir réduire l’activité sans que cela n’entraîne de suppression automatique de personnels.
Regrouper l’activité quand cela est pertinent par rapport aux besoins de santé des territoires concernés, en gardant la cohérence médicale des différents sites hospitaliers. François Hollande avait promis l’abandon du «tout-T2A», Emmanuel Macron a fait la même promesse. Il faut maintenant agir vite avant qu’il ne soit trop tard !
Liste des signataires voir le lien ci dessous
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"Nous, médecins hospitaliers et cadres de santé..."
Une nouvelle cure de rigueur budgétaire de 1,6 milliard est imposée aux hôpitaux. Leur budget n'augmentera en 2018 que de 2 % alors que les charges programmées augmenteront de plus de 4 % (les ...
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