Antoine Béclère

Dans le cadre des regroupements des 36 hôpitaux de l’AP-HP en 12 groupes, l’hôpital Antoine Béclère, isolé dans le sud des Hauts de Seine,  avait obtenu un traitement  particulier de type fédératif. L’hôpital gardait une direction, un budget, des instances propres à l’établissement, seul le projet médical était décliné avec Paul Brousse et Bicêtre (Val de Marne)

Au mois de Mai, revirement de la direction générale, l’hôpital devait rentrer dans le rang et fusionner avec deux hôpitaux d’un autre département, sans aucune cohérence médicale ou de territoire.

La directrice du groupe 3 B ( !) commençait les restructurations : regroupement des services  administratifs, déplacement des personnels et de l’encadrement au sein des 3 hôpitaux engendrant beaucoup de souffrance dans le personnel.

L’intersyndicale (SUD, CGT, FO, SNCH) a  donc  le 4 Octobre décidé de bloquer les locaux de la direction par des lits et des chariots cadenassés et de maintenir le siège jusqu’à obtention de négociations empêchant les personnels administratifs et la direction de travailler.

Nous sommes restés 6 semaines sur place en se relayant nuit et jour. La direction générale est venue discuter dans notre repaire et nous avons obtenu un protocole de fonctionnement qui s’apparente à la fédération, même si la directrice du groupe le remet déjà en cause.

Nous avons obtenu des modalités de retraits de salaire conformes à nos usages (50% en jour RTT), l’agrandissement de la crèche dès 2011, des postes pour l’ouverture des 25 lits du SAU (c’était pas gagné) , le maintien des laboratoires sur le site , le maintien de la direction des ressources humaines (formation, conditions de travail, bureau du personnel, service social, médecine du travail, crèches etc..) et le maintien du directeur financier sur place.

Nous n’avons pas pu obtenir des instances CTE sur site, mais un groupe de concertation,  par peur de la contagion sur les autres sites.

Ce mouvement sans grévistes mais avec des AG tous les jours de plus de 200 personnes nous a permis de former les jeunes militant(e)s, de montrer que la lutte paye et a ressoudé les personnels . Une grande solidarité s’est faite dans l’hôpital en particulier avec les personnels les plus touchés aujourd’hui par les restructurations : les personnels administratifs.

En effet l’AP-HP regroupe les services soit au niveau des groupes hospitaliers, soit au niveau de plateformes comme pour le service des retraites et des AT ou le service facturier demain. C’est plus de 500 emplois qui seront supprimés, des conditions de travail altérées et un service rendu dégradé. Aujourd’hui il faut plus de 8 mois pour faire un dossier de retraite ou pour avoir une simulation.

 Les services soignants ne sont pas épargnés (fermeture d’hôpitaux, de maternité, de services) mais la situation des effectifs est telle qu’il est impossible de faire grève et les infirmières choisissent de partir, engendrant encore plus de mal-être comme à Tenon.

Le dégraissage des effectifs de l’AP-HP continue, il est prévu plus de 1000 emplois par an de personnel para médical. Les médecins sont aussi concernés, Pour 2011 c’est une économie de 14 millions d’euro sur leur masse salariale qui est annoncée. Espérons qu’une fois touchés, ils vont réagir.

La situation de l’AP-HP est explosive mais il est difficile d’enclencher un mouvement de masse. Les soignants sont systématiquement assignés et ne voient plus l’utilité d’une grève. Ils préfèrent,  soit partir soit se mettre en arrêt maladie, soit comme dernièrement à Tenon exercer un droit de retrait pour épuisement professionnel, ce qui a affolé la direction générale

Les retraits de salaires massifs  sont concentrés sur les personnels administratifs et techniques qui n’ont pas la couverture médiatique ni le soutien de la population. Ils nous faut maintenant trouver d’autres formes de lutte, le blocage de l’ensemble de l’administration nous a permis d’avoir le soutien des agents et de débloquer une situation qui durait depuis plusieurs mois..