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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 10:08

Il faut savoir être vigilant. SUD Santé Sociaux a été informé de la tenue à l’EHESP de Rennes, le 21 juin, d’une journée coorganisée avec Arkea, filiale du Crédit Mutuel de Bretagne, sur le thème du financement de l’investissement hospitalier. Détail croustillant et plein de sens : Arkea est au capital de grandes cliniques privées lucratives bretonnes, dont le CHP St-Grégoire.

 

SUD s’est donc infiltré au milieu des directeurs pour entendre le message que cette banque avait à faire passer aux « managers de santé ». Nous n’avons pas été déçus.

 

Sous couvert de présenter une analyse « technique » des raisons de la crise financière qui pousse les banques à relever leurs taux, rendant difficile la levée de fonds par les établissements hospitaliers, Arkéa voulait en fait « sensibiliser » à coup de petits fours les directions financières à une nouvelle technique, la « désintermédiation ». Décryptons.

 

Les banques sont responsables de la crise financière actuelle (enfin, seulement un peu, avouent-ils). Résultat, les régulateurs européens ont mis en place un système de contraintes (les critères de Bâle III) qui ne permettent plus de proposer des taux honteusement attractifs qui gonflent la bulle de la dette publique. Pire, les banques n’y retrouveraient même plus leur intérêt à prêter (enfin, beaucoup moins). Arkea tremble, mais Arkea a la solution.

 

Plutôt que de s’épuiser à capter des dépôts pour pouvoir les prêter ensuite à un taux désormais peu rentable pour eux, ils veulent se placer en intermédiaires entre emprunteur et prêteur, ce dernier étant un investisseur privé (assureur, fonds de pension…). La banque ne serait plus rémunérée aux taux d’intérêt, mais à la commission pour le montage du dossier. C’est tout bénéfice, puisqu’ils n’endossent plus le risque du prêteur et sécurisent leurs revenus sur des opérations pour eux à très court terme.

 

Pour couronner le tout, nous avons eu le droit à un speech émouvant sur les PPP, les Partenariats Publics Privés, notamment les glorieux baux emphytéotiques Hospitaliers qui se sont d’ores et déjà révélés être de véritables désastres, au CHU de Rennes comme à l’Hôpital Francilien, en passant par le CH St Nazaire. On comprend néanmoins que c’est dans ce type d’opérations qu’Arkéa pourrait proposer ses services comme intermédiaire.

 

En filigrane, c’est finalement toujours la même chose : sous couvert de prétendre sauver les prêteurs (la Grèce, ça vous dit quelque chose ?), c’est en fait les bénéfices des banques qu’il s’agit de préserver ! Celles-ci craignent en effet que les acteurs publics ne se passent de leurs services en émettant directement des obligations sur les marchés financiers, sans leur intermédiaire, et donc sans palper au passage ! le drame. Pour ramener les hospitaliers bretons dans son giron bienveillant, Arkéa ne pouvait donc pas faire moins que de leur servir un copieux buffet aux frais de leurs clients dans les plus pures règles de l’art ancestral du lobbying.

 

Source : SUD Santé Sociaux

 

 

 

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