HOPITAUX - Malgré une action ministérielle pour désengorger les urgences, d’autres revendications sont soulevées par les urgentistes...
Les urgences souffrent. Manque de moyens, temps d’attente interminables, démissions, manque d’attractivité du métier d’urgentiste. A l’occasion de la tenue de la deuxième édition des assises de l’urgence mercredi 15 mai, 20 Minutes revient sur la situation des urgences des hôpitaux publics en France.
De l’avis du public et des autorités, le plus gros problème des urgences des hôpitaux publics français dans lesquels passent plus de 15 millions de patients chaque année, ce sont les délais de prise en charge des patients. Dans certains services d’urgence, l’attente peut atteindre deux, quatre voire dix heures dans certains cas. «C’est une plainte bien fondée», admet le Dr Marc Giroud, président de Samu-Urgences de France.
Engorgement des urgences
Pendant longtemps, «la prise en charge de cas bénins par les urgences » a constitué la raison expliquant l’engorgement des urgences pour les autorités de santé. Pour Marc Giroud, cet argument ne tient pas car «ces cas ne sont pas pris en charge en priorité, contrairement aux accidentés ou aux problèmes cardio-vasculaires par exemple. Par ailleurs, les cas “légers” vont être traités entre deux autres patients». Il souligne aussi que les urgences apportent un réel service public aux populations en leur permettant d’accéder, sans avancer de frais, à un service de qualité, une prise en charge globale avec un diagnostic précis à la sortie.
«Le vrai problème concerne la gestion de l’”aval”, c’est-à-dire la sortie des malades du service d’urgences et leur affectation dans un service approprié.» Ainsi les urgentistes se plaignent de passer trop de temps au téléphone à «chercher un lit» pour leurs malades. Activité chronophage et qui ne devrait pas être à leur charge, selon Samu-Urgences de France. «C’est à l’hôpital, dans sa globalité, que doit revenir cette charge et non pas aux urgentistes», explique Marc Giroud.
Lettre ouverte à Marisol Touraine, la ministre de la Santé
C’est pourquoi Samu-Urgences France et l'Amuf (association des médecins urgentistes de France) ont fait savoir par le biais d’une lettre ouverte à Marisol Touraine, ministre de la Santé, qu’à partir du 15 octobre 2013, les urgentistes ne s’occuperont plus du placement de patients. «A partir de cette date, lorsqu’un malade sera à placer, les urgentistes appelleront le chef d’établissement», explique Marc Giroud. Cette tension à gérer l’aval, la souffrance devant des patients laissés sur leurs brancards en attente d’une place est à l’origine d’un ras-le-bol chez bon nombre d’urgentistes du public. Poussant certains à démissionner, comme Pierre Taboulet, qui a quitté son poste de chef du service des urgences de l’hôpital St-Louis (Paris 10e) en février dernier ou encore des urgentistes à des hôpitaux de Thonon-les-bains, Grenoble, Roubaix, Strasbourg.
Création de postes de gestionnaires de lits dans 150 établissements
«Nous avons réussi à convaincre la ministre sur la gestion de l'aval», se réjouit le président de Samu-Urgences de France. En réponse au problème de la sortie des urgences, Marisol Touraine a annoncé en mars 2013 la création, sur 18 mois, de postes de «gestionnaires de lits» dans 150 établissements sur les 640 environ existants, après un test jugé concluant à l’hôpital St-Joseph (Paris 14e). Bien que Marc Giroud voit cette mesure comme «une bonne nouvelle car elle va dans le bon sens», il déplore que la mise en place de ces solutions soit «trop lente et trop limitée», puisque Samu-Urgences attend des actions d’ici le 15 octobre et aussi plus de postes de gestionnaires de lits. Et de préciser: «Tout ce que nous faisons, c’est parce que le système est en péril. Le risque c’est qu’il n’y ait plus d’urgentistes, ni d’urgences.»
«Mais il y a d’autres problèmes avec des solutions à trouver au cas par cas», estime le président de Samu-Urgences de France. Au-delà de ces nouveaux postes de gestionnaires de lit, les services d’urgences se plaignent du manque de moyens médicaux et infirmiers pour assurer une bonne qualité de service et de l’ingratitude du métier d’urgentiste. Mais Marc Giroud a bien conscience que tous les changements ne pourront pas se faire d’un coup. Le premier chantier concerne la gestion des avals: c’est en cours. Le second, sur l’attractivité du métier pour éviter l’hémorragie des services, sera le sujet des assises de l’urgence qui se tiendront à partir du mercredi 15 mai.
Source: 20 minutes
Les journées s’allongent...
La réorganisation du temps de travail, service par service, inquiète les responsables syndicaux. Ils seront reçus demain par la direction.
Pour les syndicats, la direction cherche à reduire les dépenses de personnel pour boucler son budget, en prévision d’investissements importants ces prochaines années.
Pour les syndicats, la direction cherche à reduire les dépenses de personnel pour boucler son budget, en prévision d’investissements importants ces prochaines années. (photo xavier léoty/archives)
Le temps, c’est de l’argent. Trop d’argent estime sans doute la direction de l’hôpital Saint-Louis de La Rochelle, qui cherche tous les moyens possibles de réaliser des économies en vue de financer son projet d’établissement, dévoilé le 15 avril dernier (« Sud Ouest » du 19 avril).
Résultat : des postes supprimés par-ci par-là et des journées à rallonge pour le personnel, comme c’est le cas depuis une semaine au service hémodialyse. Deux postes d’infirmières ont été supprimés dans le cadre de la réorganisation du temps de travail, ainsi que deux postes d’aides soignantes dans un service qui ne comptait déjà plus d’intendante depuis un mois. Désormais, il n’y a plus que deux équipes, contre trois auparavant, pour accueillir les personnes victimes d’insuffisance rénale, du lundi au samedi. Les infirmières travaillent parfois jusqu’à minuit.
"Le service d'urgences à Roland Garros est géré par une boite privée avec de très bons médecins : 9 chirurgiens, 8 urgentistes, 9 échographistes, 2 radiologues pour faire des IRM (sic) 31 kinés , 20 infirmières... pour les joueurs et joueuses et un peu pour le public qui est en pleine forme puisqu'il vient voir les matchs.
À coté les urgences d'Ambroise Paré avec ses 140 passages aux urgences dont 10% très graves: 2 urgentistes séniors, 2 internes, 1 radiologue qui fait tout, 7 infirmières... aujourd'hui 10heures d'attente avec des vieux à garder, des fractures à opérer, toute la misère du coin et les blessés de Roland Garros !...
Tellement à l' image de la société et des problèmes d'organisation !"
PATRICK PELLOUX Médecin hospitalier urgentiste.
La nouvelle vient de tomber aujourd’hui : la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu pour le 4 novembre prochain.
Alors que les solfériniens de l’Hôtel de Ville s’opposaient au projet de fermeture de ces urgences sous Sarkozy, ils auront mis à peine une année pour retourner leur veste et mettre à exécution la liquidation du plus ancien hôpital de France qui accueille 40 000 patients par an. En inventant le concept fumeux « d’hôpital debout », à savoir un hôpital sans lit (sans malade ?), Jean Marie Le Guen avait déjà annoncé la couleur en assumant le projet dit de « restructuration », contre un vœu de soutien que Danielle Simonnet avait présenté en Conseil de Paris en février et en mars. B. Delanoë et A. Hidalgo avaient soutenu le projet de leur adjoint…
Voilà où conduisent les politiques austéritaires du gouvernement relayées par l’exécutif municipal parisien : à sacrifier pour des intérêts financiers les enjeux de santé publique, en privant d’un service d’urgence et bientôt d’un hôpital public les neuf premiers arrondissements de Paris ! Et de façon unilatérale, sans la moindre concertation ni avec les élu-e-s, ni avec les personnels et ni avec les citoyen-ne-s parisien-ne-s.
Anne Hidalgo dans son livre de campagne « Mon combat pour paris », déclarait pourtant page 41 : « Nous sommes particulièrement vigilants à ce que les services d’urgence de proximité soient maintenues partout dans la capitale. » A peine en campagne la voilà qui trahit ses engagements encore plus rapidement que ses amis de l’Elysée et de Matignon !
Source: http://www.daniellesimonnet.fr/