C’était ce mardi la dernière journée de négociation entre syndicats et direction à l’hôpital de Calais. Pas d’accord en vue : le ton se durcit. La CGT, la CFDT et SUD appellent à la grève jeudi. Près de deux cents agents se sont rassemblés ce mardi dans le hall de l’établissement.
Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu une telle mobilisation. Ce mardi, en début d’après-midi, près de deux cents agents hospitaliers se sont réunis dans le hall de l’hôpital à l’appel des trois syndicats, qui, pour l’occasion ont mis leur discorde dans la poche. Un seul mot d’ordre dans la bouche de la CGT, de la CFDT et de SUD : « Tous en grève jeudi ». La CGT, qui avait suspendu sa grève en avril, l’a réactivée lundi. La CFDT et SUD ont déposé leur préavis. Les choses sont claires, aucun des trois n’entend lâcher la pression concernant l’accord sur les RTT. C’était la troisième et dernière journée de négociation sur le sujet. La réunion a duré quarante-cinq minutes avec le directeur Martin Trelcat. Au sortir, point d’accord en vue. « Au bout de ces trois réunions de négociation nous sortons dépités, lance aux agents Catherine Meyns, représentante de la CFDT, signataire de l’accord sur les RTT en 2002. Nous avons besoin de votre soutien pour faire bouger les choses et ne pas être spectateurs de la perte de nos acquis. »
Même son de cloche dans la bouche de Christian Boulanger pour la CGT : « Nous avons pris sur nous avec la CFDT pour nous réconcilier dans votre intérêt. Venez défendre votre pain quotidien en vous déclarant gréviste jeudi. » Valérie Gorré pour SUD « n’a pas grand-chose à ajouter sinon de défendre les acquis ».
Ce jeudi, les syndicats seront présents dans la hall de l’hôpital dès le début de la matinée. L’appel à la grève se fait en solidarité avec les agents des hôpitaux de Paris, qui protestent aussi contre le projet de réforme des 35 heures. « On prévoit également d’aller à l’hôtel de ville parce que nous avons sollicité un rendez-vous avec Natacha Bouchart (présidente du conseil de surveillance) que nous n’avons pas eu. », souligne Catherine Meyns.
Augmentation de prime, garde d’enfants, conciergerie : les contreparties de la direction
Si, par la grève, les syndicats entendent maintenir la pression sur la renégociation de l’accord sur les RTT, la marge de manœuvre est néanmoins restreinte puisqu’en théorie le directeur de l’hôpital n’a, depuis la loi Bachelot, plus besoin de la signature des syndicats pour valider le texte qu’il propose. Pour autant, Martin Trelcat explique vouloir éviter cette issue mais se trouver dans l’impasse. « Les syndicats m’ont fait des contre-propositions diamétralement opposées à ce que j’ai proposé. Il faut se rendre compte que la majorité des établissements de santé sont à 37,5 heures avec 15 RTT. La situation de Calais est exceptionnelle, ce n’est juste qu’un retour à la normale. C’est mon septième hôpital, c’est la première fois que je vois ça : 18 RTT, quatre jours de récupération, deux fêtes locales… Il y a beaucoup de remplacements parce qu’il y a trop de personnes absentes en même temps», explique-t-il.
Critiqué sur le nombre de contractuels au sein de l’établissement, Martin Trelcat précise que le centre hospitalier de Calais est « l’un des établissements de la région qui dispose du plus grand nombre d’agents titulaires (91 %). Le nombre de CDD est de 142 (sur 1 800) ce qui relativise la précarité de l’emploi».
« La prime zéro absence a presque doublé »
D’autres avancées sociales sont mises en avant avec la création d’une maison d’assistantes maternelles (dont les travaux commenceront en juin pour une ouverture en septembre) et avec le projet d’une conciergerie d’entreprise (avec différents services proposés aux agents : dépôt et envoi de courrier ou de colis, prise de rendez-vous…). « La prime pour zéro absence est passée de 180 à 330 euros», souligne encore Martin Trelcat. Après la réunion d’hier, il fera connaître sa proposition définitive dans les jours ou semaines qui suivront. « Si elle n’est pas acceptée par les syndicats, je déposerai un constat d’échec des négociations, dans ce cas la proposition du directeur s’impose.» Le protocole sera soumis aux instances les 23 et 30 juin pour une mise en application prévue au 1er janvier.
Les raisons de la colère
La direction et les syndicats sont autour de la table des négociations pour revoir le protocole local sur les RTT, signé en 2002. Dans la proposition de la direction et afin d’avoir davantage d’agents présents chaque jour dans les services, la journée de travail serait réduite de six minutes, soit à 7 h 30. Ainsi, le nombre de RTT passerait de 18 à 15. Des temps de transmissions seraient aussi supprimés. Un tiers des 1 800 agents perdraient alors neuf jours de RTT ou de récupération, deux tiers trois jours de RTT. Les deux jours de fête locale, qui seraient également perdus, sont aussi un point de crispation. Parmi les autres sujets, les syndicats réclament la titularisation de certains agents.