Refus de toute négociation, débat accéléré, à l’Assemblée nationale d’abord, au Sénat maintenant, pour faire voter le texte avant les vacances scolaires, le gouvernement et le président de la République ont choisi le passage en force. Face à cet oukase, le mouvement actuel prend des formes inédites qui montrent une détermination intacte. Ces actions multiformes, allant des grèves reconductibles dans certains secteurs à des actions de blocage de dépôts de carburants, sont organisées partout de façon unitaire. Elles se combinent avec les fortes mobilisations d’une jeunesse qui refuse le destin sinistre que lui préparent les classes dominantes. Comme seule réponse, le gouvernement se cantonne dans le déni de la mobilisation sociale et accentue la répression.
Ca bouge !
La grève se poursuit. Dans le même temps, des actions interprofessionnelles unitaires se multiplient localement avec des rassemblements, des manifestations « sauvages », des blocages (de zones industrielles, de dépôts pétroliers, de gares, d’aéroports, de dépôts de bus, de péages autoroutiers…). Solidaires et ses organisations membres trouvent toute leur place dans ces actions décidées au plus près du terrain. Amplifions sur l’ensemble du territoire les initiatives unitaires, grandes et petites, dirigées contre les intérêts de nos dirigeants et du patronat et qui sont autant de signes d’encouragement pour les salarié-e-s d’ores et déjà en grève. Il faut que ça bouge partout !
De la sécurité des biens et des personnes…
Le gouvernement use de répression et de violence. Des salarié-e-s en grève sont menacé-e-s de prison et réquisitionné-e-s comme si nous étions en guerre. Des piquets de grève sont l’objet de charges policières. Des salarié-e-s sont arrêté-e-s parce qu’ils/elles luttent. Des manifestations interprofessionnelles sont interdites. Des salarié-e-s sont arrêté-e-s. Chaque manifestation lycéenne est le théâtre de provocations, d’interventions de policiers en civils souvent parés d’autocollants syndicaux pour entretenir la confusion. Le Président de la République traite celles et ceux qui luttent de preneurs d’otages. C’est une vraie guerre sociale qu’ils mènent contre nous !
De nouvelles manifestations le 28 octobre et le 6 novembre
Six organisations syndicales ont décidé d’appeler à deux nouvelles journées de mobilisation, le jeudi 28 octobre et le samedi 6 novembre. L’Union syndicale Solidaires aurait préféré une date plus rapprochée afin de ne pas laisser trop longtemps les salarié-e-s mobilisé-e-s au quotidien sans journée de centralisation nationale du mouvement. De plus, il est regrettable que le communiqué de l’intersyndicale ne soutienne pas nettement les actions décidées unitairement par les salarié-e-s à la base. C’est ce qui a amené Solidaires à ne pas signer ce texte. Solidaires appelle à amplifier la mobilisation : élargir les grèves et les débrayages, renforcer les initiatives locales quotidiennes, et aussi se mobiliser massivement le 28 octobre et le 6 novembre puisque ces dates ont été décidées.
L’Union syndicale Solidaires
Soutient la grève interprofessionnelle en cours, les grévistes en lutte.
Appuie les collectifs intersyndicaux mis en place dans plusieurs villes.
Appelle à renforcer et élargir la grève.
Participera pleinement aux prochaines journées nationales de manifestations.
Condamne la répression et la violence policière envers les salarié-e-s et les lycéen-ne-s en lutte.
Le gouvernement veut nous user.
Uni-e-s et déterminé-e-s, nous pouvons l’emporter !
Pour répondre aux nombreuses demandes de solidarité financière en direction des grévistes, Solidaires a décidé de mettre en place une caisse de solidarité. Les chèques sont à établir à l’ordre de l’Union syndicale Solidaires avec la mention « SOLIDARITE GREVISTES RETRAITES » au dos. Ils sont à envoyer à UNION SYNDICALE SOLIDAIRES
Source : Solidaires
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Les députés de la majorité ont discrètement écarté de la réforme leur propre système de retraite. Une entourloupe parlementaire passée inaperçue le 9 septembre, lors des débats à l'Assemblée nationale.
L'affaire s'est nouée le 9 septembre dernier, lors de la deuxième séance des débats de l'Assemblée nationale. Le député Verts François de Rugy soutient l'amendement 249 rectifié. Késaco ? Tout simplement, un article additionnel au projet de loi sur la réforme des retraites. Un texte très court qui prévoit la chose suivante :
« Le Gouvernement présente au Parlement, avant le 31 décembre 2010, un rapport établissant la situation des régimes spécifiques de retraite des membres du Gouvernement et des parlementaires et définissant les conditions d'un alignement rapide et effectif de la situation de leurs régimes spécifiques sur le régime général, visant notamment à un encadrement strict des pensions reversées, tant dans leurs possibilités de cumuls que dans leurs montants. »
La discussion est rapide, pas plus de six minutes (voir la vidéo).
Le député Vert François de Rugy insiste pour que le régime très spécial des parlementaires fasse l'objet d'une réforme, interdisant le cumul de cette retraite avec d'autres traitements :
« J'espère que l'Assemblée nationale saura prendre ses responsabilités. Le bureau de l'Assemblée, d'ailleurs sous la pression d'un certain nombre de débats externes, a pris les siennes.
Je souhaite que ses conclusions aillent dans le sens d'un alignement sur le régime général. Nous plaiderons en tout cas, pour notre part, dans ce sens. »
Réponse du rapporteur de la commission des affaires sociales, le député UMP de la Moselle Denis Jacquat :
« S'agissant du point qui vient d'être évoqué, je rappelle que, sous la présidence de Bernard Accoyer, une réflexion est menée par le bureau de l'Assemblée nationale.
Le sujet qui vient d'être soulevé entre, je le pense, dans les attributions de ce dernier, qui établira des règles. Attendons ses conclusions.
Nous sommes, comme je l'ai dit tout à l'heure, pour l'exemplarité. Nous n'avons rien à cacher à ce propos. Je suis, par conséquent, défavorable à cet amendement. »
Rien à cacher, mais il est urgent d'attendre. Une position partagée par le ministre du Travail et de la Solidarité qui refuse, lui aussi, d'endosser une réforme pourtant si ardemment défendue lorsqu'il s'agit du commun des mortels. Eric Woerth esquive :
« Le régime des parlementaires relève, quant à lui, du bureau de l'Assemblée et de ses règles de fonctionnement. Je pense aussi qu'il convient d'évoluer en la matière. J'ai demandé à plusieurs reprises aux parlementaires de s'en saisir et de modifier leur régime de retraite. »
Fin de la discussion, amendement rejeté. Les parlementaires ont gagné quelques mois de répit, sans passer par la case manif.
Source : RUE 89
Des millions de manifestant-e-s pour la 6ème fois depuis début septembre
Ces mobilisations successives de millions de personnes, salarié-e-s du privé et du public, retraité-e-s, chômeurs/ses, lycéen-ne-s, étudiant-e-s, montrent une détermination très forte et massive de la population. Il faut remonter à de très nombreuses années pour retrouver une telle situation. Le gouvernement doit abandonner son projet de loi !
La grève reconductible
Dixième jour de grève ce jeudi dans les 12 raffineries du pays, ou à la SNCF. Mais le mouvement dépasse très largement les deux secteurs mis en avant par les médias. Totale ou sous forme de débrayages quotidiens, la grève est nationale et interprofessionnelle, et touche le secteur public et les entreprises privées. Dans la Chimie, la grève est reconduite aussi dans une vingtaine d’usines de caoutchouc/pneumatiques(Goodyear Dunlop Tires, Michelin, Hutchinson, Paulstra, Trelleborg, Joint français…), dans autant d’usines chimiques (Arkema, Rhodia, Basf, Ceca, L’Oreal,…), ou encore à Sanofi/Aventis, Plastic Omnium, Saipol… L’Energie est aussi concernée, avec la grève dans les centrales nucléaires de Chinon, Blayais, Tricastin, Flamanville et dans d’autres services d’EDF. Les 3 stockages souterrains gaziers de la région Centre, représentant 60% à 70% des capacités de stockage en France, ont été bloqués mercredi, n’émettant plus de gaz sur décision des grévistes, qui sont largement majoritaire parmi le personnel. Les salariés des 3 terminaux méthaniers de gaz naturel sont en grève. Les transports urbains de plusieurs villes sont touchés par la grève, les routiers organisent des blocages dans toutes les régions, les convoyeurs de fonds (Brink’s, Loomis) sont aussi dans l’action, et plusieurs aéroports ont été bloqués, notamment Roissy où 3000 manifestant-e-s se sont rassemblé-e-s à l’appel de la CGT et Solidaires. Saint Gobain, SVA, Isover, Baccarat, etc. les entreprises du Verre sont aussi dans la grève. La métallurgieégalement : Dura, Deshors, Ascométal, Atral, Tecumseh, Transrol, Bollhof, Camiva, Tivoly, KME, Gifa, Snecma… De même pour l’industrie alimentaire : plus de 700 établissements en grève le 19. La grève est reconduite depuis plusieurs jours dans environ 200 Collectivités Territoriales, elle touche les centres d’impôts d’un tiers des départements. Au Ministère de la culture aussi la mobilisation est forte, des manifestations sont organisées comme à la Bibliothèque Nationale de France ou au musée du Louvre. Education, Recherche, Ministère du Travail et des Affaires Sociales, … des grèves se poursuivent là aussi.
Les jeunes veulent pouvoir choisir un autre avenir
Si nous travaillons plus longtemps, les jeunes trouveront encore plus difficilement du boulot ! L’augmentation de la productivité depuis 20 ans, les énormes profits confisqués par une minorité, démontrent qu’il est possible, sans problème, de réduire le temps de travail, d’augmenter les salaires et pensions, et de fournir à chacun-e un emploi socialement utile. Voilà pourquoi les lycéen-ne-s, et maintenant les étudiant-e-s, participent à cette lutte sociale.
La violence gouvernementale est un aveu de faiblesse
Les interventions policières contre des grévistes se multiplient, souvent de façon violente. De même, la pression policière jusqu’aux portes des lycées relève d’une stratégie de tension que nous dénonçons.
Le MEDEF s’inquiète
Une nouvelle, qui montre que la grève nationale est utile : le patronat, par la voix de Mme Parisot, réclame que ça cesse ! Alors continuons, c’est le moyen le plus efficace pour que les patrons, de peur de perdre un peu trop de leurs profits, suggèrent au gouvernement de retirer leur projet commun de contre-réforme des retraites.
Source : Solidaires
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