Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 05:54

Liberation.fr :


Ces irréductibles de l’hôpital Marchant qui refusent de devenir des gardiens de prison


Ces irréductibles de l’hôpital Marchant qui refusent de devenir des gardiens de prison

Au 49° jour d’une grève débutée le 18 octobre, les salariés de l’hôpital psychiatrique Marchant ne sont plus qu’une poignée à camper sous la tente plantée à l’entrée de l’établissement de la route d’Espagne à Toulouse.

L’intersyndicale du début du mouvement n’a pas tenu la distance. Le protocole d’accord sur le paiement d’heures supplémentaires signé avec la direction le 12 novembre « a été jugé suffisant », selon le secrétaire général FO, Serge Albinet. Au tour de la CGT, ensuite, de déserter les lieux : « 38 jours et nuits sous la tente, la lutte devait continuer sous une nouvelle forme », explique la cégétiste de Marchant, Isabelle Morer.

Quitte à réveillonner sous la tente, une vingtaine d’irréductibles non syndiqués et militants de Sud-Santé n’en sont pas moins déterminés à obtenir l’embauche d’une cinquantaine d’infirmiers supplémentaires. « Pour que le travail, disent-ils, cesse de se limiter à la surveillance et au cachetonnage des malades hospitalisés ». Reportage.

Lundi 6 décembre, 17h. Devant la tente des grévistes, à deux pas des bâtiments flambants neufs du Cancérople, s’amoncellent des palettes. Sous la tente, café, cigarettes et rédaction de tract. Entre les lits de camps et les packs d’eau minérale, les cinq salariés du piquet de grève du jour tiennent leur réunion quotidienne. « Notre revendication principale concerne le manque de personnel », rappelle Florian, 34 ans, infirmier. Selon lui, les services de pédopsychiatrie, les longs séjours, les urgences et les pathologies chroniques seraient « archi pleins ». Mais la direction refuserait d’embaucher.

Avec une moyenne de trois infirmiers par unité de 20 malades, ce sous-effectif inquiète Stéphane : « nous sommes toujours sur la brèche, raconte-t-il. Faute de temps, on est limité à cachetonner et à surveiller les malades, sans pouvoir établir de relation de confiance avec eux ni avec leurs familles. » Parer en permanence au plus pressé, donc. « Avec le risque d’accumuler les moments de crise et de passage à l’acte », reprend Florian. « Et ce sont des gars comme moi, a priori pas formés pour ce type d’intervention qu’on appelle au secours », intervient Bernard, 50 ans, agent de service hospitalier rémunéré 1300€ mensuels après 25 ans d’ancienneté.

Plutôt que d’embaucher, l’hôpital Marchant privilégierait l’achat de nouvelles caméras de surveillance dans les services d’urgence ou de bips derniers cris, déclenchables en cas d’alerte. Une dépense estimée à plus de 100.000 euros par le syndicat Sud. « Ce n’est pas en surveillant les malades qu’on les soigne », tonne cet infirmier « C’est dans la logique du système, reprend Fabienne Bino, secrétaire fédérale Sud. Au lieu de privilégier la prise en charge des malades à l’extérieur de l’hôpital, on les y enferme pour ne pas les voir. Sous prétexte de les soigner ».

Marchant, comme une prison du troisième type ? Livrables en 2011, les futurs bâtiments de l’unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) devraient accueillir une quarantaine de détenus atteints de troubles psychiatriques. L’administration pénitentiaire y sera chargée de la sécurité tandis que le personnel de Marchant s’occupera de l’aspect sanitaire. « Ce mélange des genres est stigmatisant, peste l’infirmière psychiatrique Marie Rabajat. Nous risquons d’être assimilés à des gardiens de prisons ».

Contactée par LibéToulouse, la direction de l’hôpital n’a pas souhaité communiquer sur l’ensemble des revendications des grévistes. « Une rencontre avec les militants de Sud est prévue dans les prochains jours », précise néanmoins son directeur adjoint, Laurent Talon.

Au moment de quitter les grévistes de Marchant, une citation de Victor Hugo épinglée au dessus du réfrigérateur des grévistes attire le regard : « Parmi les réprouvés, je planterai ma tente. Je resterai proscrit, voulant rester debout ». J-M.E

Note du jeudi 2 décembre 2010 du Collectif Non Syndiqués – SUD qui depuis le 18 octobre tiennent une tente devant  CHS Marchant à Toulouse (canevas revendicatif)

Collectif Non Syndiqués – SUD

Et il faudrait faire place nette devant l’hosto ?!

Non, nous ne sommes pas des jusqu’auboutistes. Non, nous ne sommes pas isolés !

Nous restons parce que pour le moment, au regard de nos revendications communes CGT-FO-SUD-Non Syndiqués du 18 octobres, peu d’entre elles ont étés satisfaites (cf. recto de la brève). Il n’est pas question de faire place nette tant que nous ramons dans chacun de nos services pour offrir des « prestations de soins » aussi minables !

Nous restons parce que ce lieux est le seul encore existant pour faire vivre les revendications autour de la politique actuelle de santé (cf. discours de Fillion la semaine passée où il explique bien que la « santé sera évidement concernée dans la politique de rigueur qu’il compte mettre en place » Le Monde du vendredi 26 novembre).

Nous restons parce que de nombreuses personnes extérieures à l’établissement viennent nous soutenir, nous expliquer que notre lutte est exemplaire et qu’il y a beaucoup d’attente autour de cette tente. Si nous gagnons sur les emplois, si nous faisons plier l’ARS (Agence de Régression Sociale), le CHU, Albi, Lanemezan et les dizaines d’hôpitaux en lutte partout en France sauront que c’est possible et se lanceront à leur tour contre la politique de rigueur des hôpitaux.

Pour le moment, aucun emploi n’est créé sur l’hôpital, préalable indispensable à la levée de la tente. Les conditions de travail de tous sont intolérables et du coup les conditions de soins inacceptables ! Nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions indignes ! Un seul exemple : A l’UCEP en 1 an, 30 agents (Secrétaire, Assistantes Sociales, Cadres de Santé et Infirmiers) sont partis, sont en partance ou demandent à partir !

Comme nous ne pouvons pas arrêter la « production », nous ne pouvons pas permettre de perturber le fonctionnement de l’hôpital. Par contre, le tente est visible, elle reste une épine dans le pied des directeurs, et ça, ça ne plait pas.

Du coup le directeur essaie de jouer le pourrissement, la division et la désinformation. Ça marche peut alors il nous coupe l’électricité, nous envois l’huissier (on vient de recevoir un commandement de quitter les lieux).....

La tente emmerde et obtient des résultats !

C’est grâce à elle que comme par enchantement les problèmes de dotation en matériel, de réparations qui duraient depuis des mois sont en cours de résolution.

C’est grâce à notre visibilité que les collègues du long séjour obtiendront une prime quelque soit leur fonction.

C’est grâce à son impact médiatique que les autres hôpitaux en lutte de la région ont une caisse de résonance.

Alors tant que nous n’obtenons pas de postes supplémentaires, nous n’arrêterons pas. Si à l’ARS, le Directeur veut prendre le risque d’une extension du mouvement ça nous va, et nous y travaillons.

La CGT Marchant quitte la tente, pas la lutte. D’ailleurs les syndicats du CHU et de l’interpro passent toujours sur le camping et nous construisons ensemble à une lutte commune.

Nous nous sommes engagés dans une course de fond, à la pire période de l’année. Nous ne nous donnons pas le choix. S’il est difficile de dormir à la rue alors que les températures tombent en dessous de zéro, il est encore plus difficile d’accepter de vendre jour après jour un idéal de soin ! La participation de chacun reste indispensable. Que ce soit pour tenir la Tente que pour nous fournir en thermos de café !

Vendredi 19h : projection « Bombarde et lacrimo » film sur la lutte victorieuse de l’hôpital et de la ville de Carhaix en Bretagne.

Samedi 18h: Concert avec « The Modest Lovers »

Nous revendications du 18 octobre (en gras ce que nous avons obtenu.... sans commentaires & en italique les revendications nouvelles que vous nous avez soumises en passant nous voir)

Sur un plan local, nous exigeons que :

 La direction cesse d’alimenter la pénurie d’infirmier(e)s et embauche immédiatement les candidats qui postulent pour palier le manque de personnel, source de danger pour les patients comme pour les soignants. Nous estimons maintenant à 54 embauches tous corps de métier confondu sur l’hôpital pour fonctionner dignement.

 La direction mette en place des conditions financières attractives pour les étudiants en soins infirmiers (800 euros aux étudiants en 3ème année et que le nombre de bénéficiaires passe à 20) (nous avons obtenu le financement de 10 étudiants et à 400 € / mois)

 Les agents contractuels (soignants, administratifs et techniques), depuis plus d’un an soient immédiatement stagiairisé(e)s.

 Les Aides –soignants et les agents de service hospitalier de RISER puissent eux aussi bénéficier des 14h d’heures sup exceptionnelles, au même titre que les infirmiers.

 Les agents contractuels de l’USLD et de Lévy perçoivent la même prime de pénibilité (NBI) que les infirmiers.

 L’hôpital cesse de sous-traiter au privé les services d’entretien et techniques.

 Les mutations, renforts arbitrairement décidés par la nouvelle Direction des Soins cessent immédiatement.

 La mise en place d’une politique d’accompagnement pour permettre l’obtention des diplômes par la validation des acquis aux ASH.

 À Riser Un effectif de fonctionnement pour les infirmiers à 2 le matin, 2 le soir, 1 la nuit (la direction reviendra à 2/1/1 après la période de renfort), pour les aides-soignants à 6/4/2 (5/3/1 actuellement) et les agents de service hospitalier à 4/2/0 (au lieu de 3/1/0).

 Qu’aucun des 50 postes nécessaires à l’ouverture de l’unité d’hospitalisation spécialement aménagée (U. H. S. A) en 2011 ne se fasse au détriment des postes déjà budgétés pour faire fonctionner l’hôpital. Il faut savoir qu’à Albi la création de l’UHSA a entrainé la fermeture de 2 hôpitaux de jour.

 Que la maison d’accueil spécialisée soit remise en tête des priorités afin de donner des conditions de vie plus tolérables pour les patients des Lévi.

 Le payement des jours de grève.

Sur un plan national, nous exigeons que :

 La réforme des retraites, pénalisant doublement le personnel soignant (travail en 3/8, professions à majorité féminine), soit immédiatement retirée.

 Soit voté au Parlement la suppression de tous les ordres professionnels. L’arrivée de Xavier Bertrand au ministère de la Santé relance le danger d’un retour de l’obligation d’inscription et de cotisation à l’ordre infirmier. Il faut savoir que c’est lui qui en est l’instigateur depuis le début.

 La réforme sécuritaire de l’hospitalisation sous contrainte soit réévaluée.

 


 http://marchantlatente.canalblog.com/

Partager cet article
Repost0
Published by sud-chu-caen - dans Hôpital en lutte

Présentation

  • : Le blog de sud-chu-caen
  • : Site du syndicat SUD Santé du CHU de CAEN
  • Contact

Recherche

Archives