Travail en 12h, 35h transformées en ARTT, suppressions de jours de repos... en poussant à la productivité les zélés serviteurs du gouvernement imposent des conditions de travail de plus en plus morbides.
Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas
La conclusion des deux experts, invités à la dernière session de la sous-commission du CHSCT du Conseil Supérieur de la FPH sur l’organisation du travail en 12h est claire : cette organisation du travail est à éviter parce que morbide... tout comme le travail de nuit. Dans tous les cas il faut éviter le travail en alternance jour/nuit.
La seule réaction, hypocrite pour nous de la FHF à cette réunion a été de demander comment faire avec les agents qui veulent travailler en 12h...
Maintenant, c’est officiel, au-delà des personnels qui finissent par quitter le secteur du soin et celles et ceux qui plongent en dépression ou pire attentent à leurs jours, les rythmes de travail imposés tuent.
L’occurrence du cancer du sein chez les femmes travaillant de nuit est largement démontrée, les personnels travaillant en alternance ont une durée de vie diminuée, jusqu’à 7 ans
Mathématiques sordides
En transformant les 35h en ARTT (Aménagement et Réduction du Temps de Travail), les gouvernant-es nous ont imposé un marché de dupe.
Le "A" de "aménagement", en réduisant la durée de la journée de travail, en imposant la flexibilité et l’annualisation, sans compenser en personnel le temps de travail libéré, les salarié-es se trouvent obligé-es de travailler autant qu’avant l’ARTT avec du personnel en moins.
Le projet actuel du ministère de ramener le nombre de jours RTT à 15, sur les 20 initialement prévus par la loi, produira un gain de « productivité » facile à calculer pour la FPH : ce seront 21780 équivalent temps pleins qui seront économisés sur le dos des personnels.
Comme cela ne suffit pas pour nos « économes patron-nes », ils cherchent à nous supprimer les temps de repas, les temps d’habillage, les jours spécifiques locaux, ralentir les avancements d’échelons, les passages de grade…
Conditions de soins dégradées
Si les personnels sont pressés comme des citrons, la qualité des soins et le sens du travail en pâtissent.
Cette nouvelle réduction du temps de travail quotidien va entraîner la suppression du temps nécessaire aux transmissions entre équipes, l’accumulation d’heures supplémentaires... et conduiront à l’usure professionnelle, à la mécanisation (taylorisation) des actes.
Si cela ne suffisait pas encore, les techniques de management moderne viennent enfoncer le clou.
Qu’elle s’appellent :
Benchmarking, contrôle par comparaison de temps d’activité entre professionnels, services ou établissements, pour imposer des cadences toujours plus infernales
ou lean management visant par des études à gommer tous les temps morts et concentrer les agent-es sur des tâches de plus en plus ciblées,
toutes conduisent à une déshumanisation totale du système.
Déshumanisation des personnels et déshumanisation des soins.
Les conséquences se chiffrent en usure professionnelle, dépression, suicide, ou rejet du métier pour sauver sa peau.
ça se chiffre aussi pour la population par ce qui est appelé cyniquement par nos gestionnaires une « perte de chance » pour les patients.
Ca suffit ! Il faut reprendre la main.
Il est plus que temps que tous les personnels du secteur sanitaire se révoltent, pour leur propre survie et pour la qualité des soins auxquels les patient-es et les résident-es ont droit.
Pour faire face à la morbidité du travail en alternance ou de nuit, pour retrouver des organisations de travail maitrisées par les professionnels sur le terrain et retrouver le temps de la relation avec les patients, pour penser le soin ou l’activité quelle quel soit, pour pouvoir enfin récupérer de l’intensité de la charge physique et psychologique du travail, il est nécessaire de reprendre la main sur nos organisations de travail.
- Cela passe par le retour à une journée de travail de référence en 8 heures le jour et 10h la nuit ce qui permet de ménager des temps de transmission.
- Cela passe par une semaine avec trois RH pour les équipes de jour et quatre pour les équipes de nuit.
- Cela passe aussi et surtout par une embauche correspondante et le retour à des effectifs de nature à lâcher la pression.
- Cela passe enfin par un encadrement de proximité et non managérial.
Cela passera par la lutte pour l’obtenir.
Tous nous avons à y gagner, personnels soignants ou non pour notre qualité de vie et les citoyen-nes pour la qualité de soin et de prise en charge qu’ils sont en droit d’exiger. Toutes et tous nous avons à gagner à la création d’emplois qualifiés.
A l’hôpital y’a trop de travail, à l’extérieur y’a trop de chômeurs, embauchez !
Nous n’aurons que ce que nous prendrons et pour le dire et le faire savoir, nous prendrons la rue le 11 juin, et encore le 25 juin et à la rentrée s’il le faut.
Professionnel-les, usager-ères, toutes et tous uni-es pour imposer une autre politique, pour en finir avec une austérité qui ne rapporte qu’aux banques et à la finance, pour retrouver le chemin de la construction politique d’une société au service de l’humain.