La ministre de la Santé a annoncé ce mercredi sa décision de "décaler" la date de la fermeture des urgences de l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, qui était prévue le 4 novembre. Une première victoire pour le comité de défense de l'hôpital, les syndicats et le Front de gauche, qui s'étaient mobilisés mardi soir, en faveur du docteur Gérald Kierzek, démis de ses fonctions la veille pour sa ferme opposition à la fermeture de l'établissement.
Sous un soleil de plomb, la mobilisation devant l'Hôtel-Dieu s'est tenue en présence de plusieurs figures de proue de la gauche parisienne, dont le secrétaire général du PCF, Pierre Laurent. Les syndicalistes et les politiques rassemblés ont pris tour à tour la parole, dénonçant unanimement « l’injustice grave» dont a été victime le médecin urgentiste. Ce dernier a été démis de ses fonctions suites à des prises de positions en opposition avec celles de sa hiérarchie. L'objectif que sous-tend cette décision, à savoir le progressif «démantèlement» de l’hôpital public français, a ainsi été écorné par l’ensemble des intervenants. Lors de sa brève allocution, Pierre Laurent, a en effet exigé la réintégration immédiate» du médecin parisien, victime, selon lui, non seulement d'un « coup de force personnel, mais aussi d’un coup porté contre tout un combat », celui de la défense du service public de santé. .
Venu à la rencontre des élus et des syndicalistes présents, Gérald Kerzek a attentivement écouté l’ensemble des interventions, dont celle de Christophe Girard. Le maire du IVe arrondissement de Paris a tenu à souligner que l’Hôtel-Dieu « est un Hôpital qui fonctionne parfaitement et où on est bien soigné ». Il a ainsi regretté que le docteur Kierzek soit la «victime d’une décision politique ».
Opération immobilière
Laurence Cohen, sénatrice PCF du Val-de-Marne a dénoncé de son côté les intentions cachées de la direction de l’assistance publique-hôpitaux Paris (AP-HP) : «Nous avons visité l’Hôtel-Dieu jeudi dernier et nous avons constaté que des millions ont été investis dans des salles qui sont vides! Le but de la direction de l’AP-HP est donc de faire une opération immobilière. Si on ne fait rien, on va fermer un hôpital viable et de proximité». Paul Roussier, adjoint au maire du 14ème arrondissement de Paris, se montre lui aussi peu enclin à accepter le démantèlement des hôpitaux parisiens :« Il y a quelques mois, on a retrouvé à l’hôpital Cochin un bébé mort in-utéro! Ce n’était pas anodin: nous avons regroupé plusieurs maternité en une seule qui fonctionne à flux tendus …ce n’est plus tenable! Sans oublier le caractère inacceptable du licenciement d’un responsable de service en plein conseil de Paris ! ».
Les citoyens présents à la mobilisation ont eux aussi exprimé de vives indignations. Maguy, enseignante dans un collège à Paris, s’insurge contre une « décision digne des pires dictatures du Moyen-Orient » et craint « que les hôpitaux publics soit démantelés un par un ».Didier, militant CGT stigmatise la logique « austeritaire » entamée sous l’ancien quinquennat et poursuivie par l’actuel chef de l’état, qui «rognerait sans discernement sur l’ensemble du service public français ». La signature d’une pétition en soutien à l’hôpital Hôtel-Dieu et au Dr Kierzek a été proposée aux participants à la mobilisation.
Source : l'Humanité.fr